La chanson de La Saint-Vincent

I
Gais vignerons, troupe joyeuse
Ce printemps, avec le soleil,
Nous promet abondance heureuse
Et vin à nul autre pareil.
D’ailleurs il faut voir tout en rose,
Travailleurs, ouvrez le cellier.
Ce jour, il faut qu’on se repose.
N’est-ce pas le vingt-deux janvier ?

II
Lorsque Noé planta la vigne
Et qu’il eût dégusté son jus,
Un seul de ses fils, un indigne,
Se moqua d’un léger abus.
Il en fut bien puni sans doute.
Pourquoi se montrer si moqueur ?
Dieu l’a donnée pour qu’on y goûte
À cette adorable liqueur !

III
Champagne, bordeaux et bourgogne,
Roussillon, orléans, nantais,
Crus du midi, de la Gascogne,
Sauternes, Fleury, Beaujolais,
Enfin tous les vins de la France,
Qu’ils soient cinquante ou qu’ils soient cent,
Tous forment la Sainte-Alliance
Pour acclamer leur Saint-Vincent !

D’après Roger Lecotté,
Les cultes populaires dans le diocèse de Meaux,
Mémoires de la fédération folklorique d’Île-de-France, Paris, 1953.