Taille en Champagne – 1900 – Champagne pruning

Taille-Vigne-en-foule-1900
En consultant mes archives, j’ai retrouvé une vieille carte postale datant de 1900 : la taille de la vigne cultivée « en foule », à cette époque là, avant l’invasion du phylloxera.
On apperçoit, en premier plan sur la gauche, ainsi qu’en fond dispersées dans les coteaux, les *moyères*, ce sont des tas d’échalas- de *bûchottes* (en patois *champagnard*) disposées en V.
Chaque pied-cep de vigne (à l’époque la densité moyenne de culture en foule avoisinait 50 à 60.000 ceps à l’hectare ) comportait une bûchotte, sur laquelle on allait lier le brin de taille. Après vendanges, ces tuteurs – bûchottes étaient ôtés de terre pour être mis en moyères, afin d’éviter que l’extrémité de la fiche située dans le sol humide ne pourrisse tout l’hiver.
Au printemps, après la taille et le premier labour – *la bêcherie* ou *hourie* faite à la main à l’aide d’un *croc* ou d’un *houyau* selon les régions, les vignerons fichaient une bûchotte à chacun de ces pieds de vignes.
C’est ensuite après l’invasion du phylloxera, et qu’il ait fallu replanter les vignes avec des plants greffés, que la culture de la vigne se fit en ligne, ce qui permit de travailler au cheval, puis ensuite au motoculteur et à l’enjambeur.
A cette époque, les bois de taille étaient sortis de la vigne, on apperçoit sur la droite, la mule chargée de sarments, qui serviront à faire de belles flambées dans la cheminée, le soir à la veillée.

Concernant la période de taille la plus adaptée, j’ai retrouvé par ailleurs, des recommandations établies au XVIII eme siècle, par Frère Pierre, bénédictin et successeur de Dom Perignon à l’Abbaye d’Hautvillers, qui écrivait à cette époque dans son « Traité des Vignes de Champagne »:

 » On ne doit pas commencer à tailler avant le quatorze de la lune de Février, sinon la Vigne est exposée à souffrir et même à mourir, s’il survient des frimats, d’abord après qu’elle a été taillée. L’avidité de gagner dans les Vignerons leur fait entreprendre plus de Vignes qu’ils n’en peuvent façonner; ce qui les engage à tailler dez le mois de Janvier. »

et de prodiguer ses conseils éclairés, sans perdre la finalité économique … :

« Il faut mépriser la quantité qui ne fait que du vin très commun et viser toujours à la qualité qui fait bien plus d’honneur et de profit. »

Depuis un siècle, les techniques culturales ont bien changé – évolué (?), le paysage et l’environnement aussi.
C’est ce qui m’a le plus choqué, le plus ému.