» 26 Septembre 1914 «
‘ une cure de raisin dans les coteaux de Cormicy et Cauroy ‘
L’Attaque du 26 septembre 1914
Après une violente préparation d’artillerie ennemie sur nos positions et sur celles du 28ème régiment d’infanterie, les allemands, passant à l’attaque, enfoncent ce régiment à notre aile droite jusqu’à la route nationale 44. Nous sommes à découvert et nous recevons des balles de mitrailleuse et de fusils sur nos arrières, le bombardement par obus de 105 et 150 allemands nous oblige à déguerpir de notre éperon dominant le canal; heureusement que les éléments de la rive sud-ouest, trop près de l’ennemi pour être bombardés tiennent toujours.
C’est mon camarade Fernand qui a été envoyé en liaison, par le capitaine Bédoura commandant la 1ère compagnie, auprès des 9ème et l0ème compagnies qui se trouvent découvertes aussi. Passant au-dessus de notre tranchée en courant, il accomplit sa mission sous un bombardement violent d’obus de 150 ennemis à tel point que lorsqu’il revient, tous les occupants de notre position s’étaient repliés au sud ou à l’ouest. Ce jour-là je me trouvais dans un trou avec mon caporal et camarade Langlois, originaire de Port-en-Bessin (Calvados) et ancien élève du collège Chaptal à Paris; je me servais de la pioche et lui de la pelle.
Ne voyant plus personne autour de nous, nous fîmes comme les autres, lui prenant la direction de l’ouest vers la route 44 et moi vers la route de Cauroy au pont du Godat dans le sens de notre tranchée. Je le suis des yeux et, au bout d’une quinzaine de mètres, je vois un gros obus qui lui tombe dessus le tuant bien entendu; nous sommes une quinzaine qui suivent l’autre direction et comme les allemands nous pointent à revers de notre tranchée, ils nous tirent maintenant dans le dos et leurs balles nous claquent aux oreilles et se piquent en terre devant nous.
Nous courons dans de grands champs de luzerne non coupée dont les tiges s’entrelacent autour de nos jambes nous assurant de belles culbutes parmi leurs balles, heureusement peu précises, que nous essuyons toujours.
Arrivés hors de portée de leurs fusils, nous sommes allés faire une cure de raisin dans les coteaux de Cormicy et Cauroy et revenons ensuite, vers 18 heures, à la ferme du Luxembourg où la bataille fait encore rage. … ‘ ‘
Lire la suite / Read more : La Marne 1914
Texte, photo et carte Source – Site 119 RI – Journal de Vincent Martin
Photo prise par Paul Andrillon au Godat (Cauroy Lès Hermonville) Avril – Mai 1915.
En remerciant Xavier Bocé pour la mise à disposition de ses archives: texte, photos et documents relatifs aux combats sur le Front de Cauroy – Hermonville – Cormicy – Loivre – Brimont, ainsi que de la Ferme du Luxembourg, dans laquelle nous demeurons et vinifions nos vins depuis 1975.