Edifiée en 1694, la majestueuse tour de la Hougue est la pièce maîtresse du fort, établi sur les plans de Vauban, que la mer entoure complètement. Un fortin relié au continent par une digue de un kilomètre.
C’est sous la garde de cette tour et de sa jumelle de l’île Tatihou, que nous passons nos vacances dans les embruns iodés, tout près des parcs à huîtres et du port de pêche qui s’animent au rythme des marées.
Vacances paisibles (sans téléphone, sans Fax, sans emails) qui me permettent de me consacrer à ma détente – mon défouloir – mon bain d’oxygène – qui me permettent de me resourcer avec seuls soucis * – ma seule angoisse d’avoir des vers pour aller à la pêche* sur le bord de mer ou sur une jetée à la prochaine marée montante.
Soit, mon labeur quotidien est d’aller extraire du sable, à l’étal de basse mer, une petite 50taine d’arénicoles pour faire une marée.
Une dure besogne, suivant l’étal des marées ( à grands coefficients les vers sont plus dispersés – AMHA ?) il faut bêcher environ 0,30 are de plage pour obtenir de quoi tenir 2-3 heures de pêche à renouveler régulièrement les arénicoles ( qu’on nomme différemment suivant les régions : arénicole, bocard, bouzou, chique, gros ver, tête de nègre, ver à l’oeil, ver de Capbreton, ver de la Teste, ver marin, ver du Havre, verrot, vey… ) sur les hameçons.
Alors, pour les béotiens, dès que les vers arrivent dans l’eau, sur le fond, une multitude de *prédateurs* se précipitent sur ces appâts, destinés aux poissons, pour en faire leur festin: divers crabes, crevettes, divers escargots … si bien qu’après 15 minutes que vos vers trempent dans l’eau… l’hameçon est mis à nu… les vers ont disparu … on pêche *à la goutte d’eau*. Il faut donc, à nouveau, renouveler l’eschage, regarnir les hameçons.
Le *travail* consiste à repérer une plage de sable avec une densité suffisante de vers, bien costauds (les petites tailles sont un peu délaissées par les poissons, aussi les crabes et le menu fretin ont trop vite fait leur festin…) …
… d’y planter la fourche bêche à l’endroit même des *tortillons*, pour creuser à environ 1,5 fer de profondeur… après 2 – 3 coups de fourche-bêche pour en extraire enfin l’animal.
Veiller à ne pas le blesser ou le couper, car il ne conserve pas.
Tout un art, un savoir-faire, un coup de main qui demande un peu d’expériences, un dur labeur pour qui a les vertèbres et le dos fragiles.
Aussi, pour me faciliter cette tâche, partisan du moindre effort en pèriode de vacances estivales, et fragile du dos depuis quelques lustres, j’avais cette année investi (pacq pas donné $$$) dans un truc nouveau moderne : une pompe à vers (une sorte de clone probablement issu de la recherche aéronautique à la belle époque des avions renifleurs), qui aux dires des catalogues et de quelques rares intervenants sur des forums ayant testé ce matériel sur les plages du Nord, permettait d’extraire les vers du sable par l’action d’aspiration d’un piston coulissant dans un tube en inox, sans efforts,…
j’ai bien fait d’emporter mon habituelle fourche-bêche à 3 dents.
Car, hormis la curiosité de plusieurs verotiers (personnes qui extraient les vers de sables) impatients de découvrir l’efficacité de cet étrange et singulier instrument, je n’ai pas réussi à pomper un seul de ces vers, malgré plusieurs tentatives … en essayant de m’isoler un peu, pour ne pas me donner en spectacle et ainsi éviter de provoquer l’hilarité des curieux.
Sauf, peut-être (?) sur les plages du Nord , mais sur les sables du Cotentin Est ça ne marche pas.
Voilà, bonnes parties de pêches, une bonne année 2006,
des flets (voir photo ci-contre), des anguilles, des barsets remis à l’eau car trop petits et du maquereau. En 12 parties de pêche, une seule bredouille, le soir de notre arrivée à Saint-Vaast (trop impatient de pêcher dans l’eau iodée et salée, depuis un an que j’attendais de mettre en action cannes, moulinets, les plombs et les clipots armés d’hameçons…).
Ces poissons fraîchement pêchés sont ensuite cuisinés et accommodés par Jeanne au bon beurre de Normandie, ou au cidre fermier artisanal, suivant les bonnes recettes du terroir local,
accompagné d’un exxXXxxxcellent (fruité et charnu, de la jolie matière pure et élégante avec une belle minéralité) cidre fermier de Normandie, un cru du Bessin
Cidre Bouché de La Ferme de Billy – Henri Vauvrecy 14980 à Rocs, pour les mamy et papy
… et un pur Jus de Pomme fermier, encore normand, tout sur le fruit gourmand (de la pomme bien mûre!) pour nos 2 petits enfants qui nous accompagnaient, de la même adresse, le même cru du Bessin, que le cidre de La Ferme de Billy (sur la route qui nous mène à St Vaast, c’est à 10 kms après Caen – le détour s’impose si vous êtes gourmands et fin gourmets)
Bon ben, maintenant fini la rigolade,
il faut préparer les très prochaines vendanges.